PORTO SANTO

LE 6 OCTOBRE 2012

                                                                             

8H 50 française ou 7H 50 portugaise,
nous sommes toujours dans le jeu des horaires, jamais sûrs de
l'heure correcte car la conversion n'est pas constante. Relier par
facebook, à la famille, aux amis, nous sommes amenés constamment au
rappel de notre heure « nationale ».

PORTO SANTO

 

Première levée ce jour, plus souvent
après le capitaine, j'ai le bateau pour moi toute seule et le bruit
des amarres qui tirent sous l'effet d'un léger clapot. Le jour n'est
pas complètement levé au milieu de l'océan... Tiens ! une
sonnerie dans la cabine des équipiers.....Vite éteinte....Réveil
ou repos prolongé.

 

PORTO SANTO, nouvelle étape...

 

Nous sommes partis vers 19H 30 de
CASCAIS, étape ou l'emplacement désigné  par la capitainerie ne
correspondait pas, ou si nous avions insisté notre AMAZONE aurait pu
jouer les auto tamponneuses au vu de la place désignée car trop
étroite avec un tirant d'eau ne correspondant pas à nos 14 M,  où
l’exiguïté entre les pontons  aurait pu causer des dégâts car
les manœuvres n'étaient pas réalisables... Mais nécessite fait
foi, il nous faut du gazole et à l'entrée de cette marina un quai
est prévu.

Notre quatrième équipière arrivée
vers 16H sur le bateau, a pris une bonne douche pour essayer
d'enlever toutes les fatigues de sa journée, et fait quelques
rangements sommaires.

Les consignes de quart sont données,
repos pour Clotilde et découverte du quart de matin accompagnée.

L'équipage et le capitaine, sommes
heureux de retrouver notre AMAZONE dans son élément naturel, après
un mois bien rempli mais hors de l'eau. Nous sommes cependant
surpris, Dimitri et moi-même, de nous trouver dans un état nauséeux
pour Clotilde cela semblait naturel, mais pour nous !! Nous
avons dû nous ré amariner... dur à digérer....Marins de
pacotille, nous sommes car il faut le dire la mer est belle....

Première nuit, le bateau va bien, nous
nous éloignons de la côte dont les lumières vont disparaître au
fil du temps, la visibilité est excellente, le ciel étoilé mais
sans plus, des nuages jouent à cache cache avec les étoiles, la
lune veille projetant sa lumière sur la mer, le bateau file et
s'éloigne sans demander son reste de la côte portugaise direction
MADERE ou plus exactement Porto Santo, notre destination.

Nous devons nous habituer au quart de
nuit et de jour, mais le premier soir ou la première nuit est une
nuit perturbée car notre corps et notre esprit n'ont pas trouvé un
rythme , la deuxième nuit est souvent plus agréable, il faut
s'obliger à siester pour tenir la veille de nuit. Rester trois
heures à surveiller la mer,  une lumière au loin que dis-je un aura
tout d'abord qui deviendra lumière verte ou rouge, nous contraint à
être plus vigilant, à surveiller l'AIS pour savoir d’où vient le
navire mais surtout où il va.... une autre et une autre.... Notre
vue reste en alerte....et l'esprit vagabonde...

Clotilde, vit ses premières
expériences et doit se rassurer car elle est parfois confrontée à
des peurs, très naturelles à qui vit ses premières fois....Et si
l'on croise un container, formule gentille car on peut aussi le
heurter  et si le bateau  dont on voit la lumière nous ignore...Nous
sommes de surveillance pour l'éviter, et si..... L'imagination peut
vite devenir source d'angoisse.....

Je n'ai pas peur, mes dignes ancêtres
bretons veillent sur moi, j'en appelle le ciel à témoin !!!

La nuit, nous renvoie à des images
passées !!! Le temps peut devenir long, la dernière demi heure de
veille éternelle.....Le temps succède au temps...

Je m'accompagne d'images heureuses, du
plaisir d'être là, de réaliser un rêve....Je pense à mes garçons
m'enchantent de leurs projets et de leurs volontés  de vie ou
d'études, je trouve qu'ils ont grandi trop vite.... Ou que j'ai
vieilli trop vite..... Heureusement FACEBOOK est là...Je les ai vu
via la webcam....

PROFITEZ,  PROFITEZ …..de chaque
moment !

RELATIVISEZ les mauvais..... LA VIE EST
FAIT D INSTANTS MAGIQUES….

 

Le deuxième jour passe, deuxième
nuit, le vent Est , Est-Nord Est, portant donc  et le code zéro est
la voile la plus pertinente car le vent est tendre avec nous 10 à 15
nœuds, la houle sympathique....Nos estomacs sensibles se remettent à
leur place ….

La mer égale à elle-même, immensité
d'eau ….Des masses d'eaux en perpétuel mouvement, nous glissons,
surfons sur les vagues enfin l'AMAZONE.

Le jour, nous avons un quart à
respecter,  nous sommeillons pour le reste du temps dans la cabine
pour certains, moi, j'aime rester dehors allonger dans le cockpit ….
l'heure du repas, nous ramène au collectif. Avant le départ, pour
préparer les repas à venir, certains aliments sont cuits tels les
œufs, le riz, les pommes de terre, une ratatouille est prête, car
le capitaine est le seul à l'aise dans le carré en
navigation....L'équipage compte sur lui, et comme il n'oublie jamais
l'heure des repas...... Suivez le fil de mon idée.....

Bref tout va bien à bord de l'AMAZONE.....

Clotilde questionne le capitaine sur l'électronique, l' AIS, l'emplacement du matériel, nous convenons toutes les deux de faire un cahier technique afin de nous souvenir de l'usage de certains appareils d'autant qu'à certains moments, nous sommes seules.

Mardi arrive et me trouvant en forme, je décide de mettre une ligne de pêche. Il y en a qui pêche, je l'ai lu, alors pourquoi pas nous.... Une occupation de plus sur l'AMAZONE.... siester, prendre son quart, dormir, manger, etc et pêcher.... cool quand même....

Le poisson, une dorade coryphène fera la gourmande sur le leurre...Je lève la ligne, Jean François ne croit en la prise qu'au moment de la sortie de l'eau....Et, il trouve le poisson petit....Il veut le remettre à  l'eau... taratata, je l'en disuade, la prise est d'au moins un kilo, et puis fraîche avec ça.... Je relance la ligne, Jean François ni une ni deux, nettoie le poisson et au frigo. Nous cherchons sur le grand livre de  pêche le nom du poisson, il n'est pas sur !!!

C'est une coryphène, nous la mangerons à quai, préparée à la façon Marie Diane, poëlée avec une petite crème citron et du riz. Un délice !   Nos nazairiens de la Corogne, nous l'avaient dit....Nous confirmons....C'est un met exquis !

La dorade sera l'unique poisson  pêché de la traversée....la mer est grande, je vais préparer une autre ligne....Hum, hum....

Revenons à la navigation, nous ferons le point mercredi soir, au vue des milles restant nous devons arriver au petit matin...Cependant l'énergie commence à manquer, entre le frigo, les instruments électroniques, le pilote automatique, l'ombre de la voile sur les panneaux solaires, il faut réagir car le voltemetre indique une tension moindre au niveau des batteries, Jean François décide de mettre le moteur en route pour quelques heures.

Je prends mon quart, il est 21 H. Je vais pouvoir écouter de la musique, Erwan m'a enregistré des musiques ou chansons en anglais, je dois me perfectionner. J'avais fait une tentative la veille au soir, mais les écouteurs sur les oreilles, m'empêchait t'entendre le bruit des vagues sur la coque, des claquements de la voile et la nuit, il est aussi important d'être à l'écoute du bateau que d'être en mode détection d'un bateau à l'horizon...

Ce soir là, le capitaine dort tranquille dans sa cabine, mais le reste de l'équipage va et vient sur le pont entre pause cigarettes, petite causerie....Nous arrivons demain pas grave !

Minuit arrive, c'est la fin de mon quart.... Ouf, Dimitri prend la relève...Je suis out, au lit.

Je m'allonge, mais alors là, surprise !

Le bruit du moteur.... la cabine est remplie du bruit, les cloisons vibrent....C'est pas possible ! Le capitaine dort .....Je me force à rester au lit, mais je ne peux tenir ....me tournant et retournant dans ma couchette...Je me relève Clotilde est avec Dimitri, personne ne dort sauf le capitaine... Incroyable!!!

Je demande à Dimitri si lors de la traversée précédente, le bruit était le même....Il me répond que c'était pire.... Alors, je cherche où dormir, dans le carré, sur les coussins du carré....Rien à faire....Le sommeil ne vient pas....J'ai même l'impression que le moteur tourne trop vite, comme si on le forçait. Il tourne à 1200 tours, et nous faisons du 5, 6 noeuds...Nous allons trop vite, nous allons arriver  trop tôt près de l'île et s'il y avait des casiers, des filets comme au abord de certaines côtes et ports....Je propose à Dimitri de ralentir le bateau d'un noeud mais le capitaine dort, et nous n'avons pas l'autorisation, Dimitri me précise que le moteur tourne à sa juste puissance....Bizarre, on ne peut diminuer la vitesse....Et le capitaine ne se réveille toujours pas....JE N ARRIVE PAS A DORMIR !!! et j'essaie pourtant si si..

Le capitaine finit par se lever, je précise que je m'étais installé dans la cabine arrière pour ne pas le réveiller trop vite.... Le capitaine a le sommeil léger... il sent son bateau, la voile qui claque trop....Le vent qui monte alors quand il dort....Il faut éviter de le déranger pour rien....

Il est surpris de me voir encore éveillée, je lui explique ....Le moteur, le bruit du moteur ne peut on le diminuer ?..Je lui dis que l'on va trop vite, et gentiment il va ralentir le moteur....Et force est de constater que ce n'est pas mieux...  Je monte lui dire...Je ne dors toujours pas il est 3H passé allègrement....C'est décidé, je m'installe dans le cockpit pour dormir une serviette sur moi, je tente de dormir..........

Le capitaine au vu du vent, prend la décision de mettre les voiles et d'éteindre le moteur...Enfin, je retourne dormir et m'endormirais jusqu'à .....

6H 30 dans le cockpit, on parle. Tout l'équipage sauf moi of course, est sur le pont....Rires, éclats de voix, je suis réveillée et énervée...Je me lève....Nuit impossible !

Je croise Dimitri qui descend se coucher....je m'installe dans le cockpit, le capitaine me demande si cela va bien.....J'explose... Non, ça va mal....Je viens de dormir deux heures guère plus.Les quarts doivent être respectés, un quart se fait seul  de préférence ce n'est pas pour rien ou alors on modère son parler....Une évidence à revoir....GRRRRRRR !!!


L'île approche, sa masse est là dans le clair obscur de la nuit.... Les lumières de l'île confirme sa présence, l'éclat du phare nous indique le port. Nous naviguons à la voile, le capitaine enchaîne deux quarts, il veut et doit être là pour l'arrivée prévu vers 9H.... Je me blottis dans le cockpit observant autour de moi, j'ai jeté un froid ! L'ambiance est calme....Je suis fatiguée, énervée, je ne pourrais même pas profiter de ma journée sur l'ile...

Il est 9h, je prends mon quart... Clotilde termine le sien.Nous sommes en approche du port, un voilier nous suit. Le capitaine nous dit de réveiller Dimitri. Nous préparons le bateau pour l'arrivée au port, les parebattages sont sortis, zut, un tombe à l'eau malgré une tentative de récupération, il s'éloigne vers le large....Tant pis... Les amarres sont mise sur le taquet prêtes à être lancées lors de l'amarrage....Nous rentrons dans le port.... En bout de ponton, une personne nous fait signe, nous sommes au fond du port. Y-a-t-il assez de profondeur ? Elle nous assure que oui...Nous manoeuvrons et nous amarrons aidés par l'employé de la marina, et un navigateur dont le bateau est juste devant nous....PORTO SANTO, nous voilà...

L'employé de la marina nous explique gentiment que nous devons passer à la douane avec les papiers du bateau et de l'équipage, puis à la capitainerie pour nous annoncer. L'ensemble des installations du port, marina, corps morts et mouillages, est géré par 33°/16° Assistencia Nautica, appelé le "Boatyard" (chantier).

Le capitaine sort ces beaux habits, je me prépare (traductrice) et nous allons de ce pas, remplir les papiers d'arrivée.

Dimitri et Clotilde doivent attendre notre retour avant de débarquer. Le temps est sympathique, il fait beau. L'île est face à nous. Elle apparaît comme constituée de plusieurs collines isolées et escarpées, sans beaucoup de végétation. L'île est d'origine volcanique d'où sa couleur tirant entre le noir et le violet foncé.


Les papiers terminés, nous revenons au bateau :

programme :

- rangement du dit bateau

- prendre une douche, le régal de l'équipage

- découvrir l'île et faire les courses, nous sommes à 2 km du super marché...

- premières baignades sous un doux soleil


Prendre la mesure de l'espace et du temps....Nous sommes au milieu de l'Atlantique....Le voyage est commencé.....Dépaysement assuré !

 

 



06/10/2012
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